C'est
dimanche. Belle vue panoramique sur les
rizières depuis le balcon de l'hôtel. Elles ont été labourées ; la
mise en eau et le repiquage sont pour bientôt.
Ici, pas de "Jour du Seigneur" qui tienne, on
travaille. Un couple aménage une petite digue entre deux
parcelles. Non loin de là, deux femmes amènent
des sacs d'engrais à l'aide de palanches (du
fumier vraisemblablement).
En bas à droite, des
canards blancs s'ébrouent dans une mare, mais à gauche le
paysage est moins bucolique. Des bulldozers
préparent le lit d'une autoroute. L'avant garde
de la "civilisation" a touché Cho Ra...
Nous partons pour
une balade dans le village. Les
habitations et les commerces s'étirent
sur 2 à 3 km. Tout est pris dans l'humidité.
Des écoliers - ils
portent un uniforme bleu et blanc - nous
interpellent, "Hello, hello !". D'autres
enfants, d'apparence misérable, certainement non
scolarisés, ne se montrent pas si ouverts et
arborent une mine renfrognée quand ils nous
croisent. Quant aux adultes, l'attitude est
mitigée ; plus on avance en âge, plus on est
réservé, ou indifférent en apparence.
Visiblement, plusieurs ethnies cohabitent
; on croit deviner des clivages sociaux, ou/et
de métiers...
Les lieux de
convivialité (cafés, gargotes, petits
restaurants) sont très sombres ; à l'entrée,
l'autel des génies avec bougies, encens et
offrandes (cigarettes, billets, fruits...).
Retour à l'hôtel :
notre lessive de la veille ne sèche pas du
tout.
Demain, nous
devons prendre la route de Cao Bang, mais nous
ne savons toujours pas comment (ce que nous
avons pris pour la station de bus est en réalité
un établissement de formation). Nous verrons ce
soir avec notre hôte.
L'après-midi,
balade dans la vallée de Cho Ra.
Dans les rizières
: ici on herse, non pas à l'aide d'un buffle,
mais avec un motoculteur ; un peu plus loin,
l'eau de la rivière se déverse dans une parcelle
par un tuyau ; là on repique.
Sommes-nous des
intrus ? Nous préférons rester à
distance en suivant sur le chemin qui longe la rivière.
Quelques centaines de mètres plus loin, un champ
de jeunes pousses de maïs ; au milieu, une femme d'âge mur
avec un foulard noir autour de la tête : elle
sarcle. Sur la parcelle d'à côté, une jeune
femme fait des allers et retours avec deux
arrosoirs qu'elle remplit à la rivière et
qu'elle vide avec précaution sur des semis.
En face de Cho Ra,
en surplomb de la vallée, l'autoroute en
terrassement. Et de l'autre côté, un petit
hameau. On y entre par un portail surmonté d'une
pancarte avec les mots Làng van hóa nà khuôi
["Village culturel de Na Khuoi" (1)].
Un homme coupe des lanières de bananier. Xin
chao ! — Xin chao ! Il nous fait comprendre avec
un grand sourire que c'est pour les cochons.
Que vont devenir
ces gens ? L'autoroute va ouvrir ce petit pays
au tourisme de masse, au grand bénéfice de la
petite classe moyenne locale (hôteliers,
commerçants...). Mais combien de
laissés-pour-compte au final ?
Retour en
direction de l'hôtel vers 17 h. La lumière est
blafarde, l'atmosphère s'est alourdie et
l'humidité suinte de partout. Malgré l'absence
de soleil, nous avons pris un coup de
soleil sur le visage.
Finalement, la patronne nous a "trouvé" notre
bus pour Cao Bang. Il s'arrêtera devant l'hôtel,
demain matin à 7 h. (2)
Dîner au même
endroit que la veille. Accueil chaleureux. Mais,
pour une raison que nous ignorons encore, on
nous installe dans une petite salle à l'écart.
En tout cas, le repas est copieux et délicieux.
20 h 30 à l'hôtel. Les
grenouilles ont démarré leurs palabres.
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