Premières tentatives d’expansion « hors la Boucle »
Au 19ème siècle
Dans la seconde moitié du 19ème siècle, avec le développement de l’industrie horlogère, une population ouvrière croissante tend à s’établir là où le terrain est bon marché, c’est à dire à l’extérieur de la Boucle du Doubs .
[Cette] poussée extra-muros est favorisée par la désagrégation du vignoble. Les parcelles de vigne étroites et allongées, presque toutes desservies par un chemin et ne dépassant guère neuf ou dix hectares se prêtaient à la construction [1].
Pendant tout le 19ème siècle, la ville s’étend vers le nord de la Boucle. Mais l’établissement en 1856 de la voie ferrée y fait obstacle et, par conséquent, le mouvement s’infléchit vers l’est et l’ouest.
Le logement à Besançon entre les deux guerres
Entre les deux guerres, la population totale de Besançon gagne près de 10 000 habitants, passant de 55 652 habitants en 1921 à 65 022 en 1936 [2]. Cet accroissement profite essentiellement à la partie de la ville extérieure à la Boucle. Ainsi, de 1931 à 1936, la vieille ville perd 5 000 habitants, alors que les quartiers extra-muros en gagnent 8 000.
On cherche toujours à sortir de la Boucle, pour y trouver des terrains moins chers et une meilleure qualité de vie. Grâce au développement des moyens de transport individuels (bicyclette pour les ouvriers, automobile pour les classes aisées), on peut dorénavant quitter le centre de la vieille ville pour aller vers Canot, la Butte, Bregille ou Montrapon.
On notera, par rapport à la situation de 1878, l’importance particulière de la poussée urbaine sur le plateau de l’Est en Ouest, le long des axes routiers. La boucle est désormais presque entièrement enveloppée par une ville neuve, un second Besançon.
Entre les deux guerres, des cités ouvrières ainsi que de nombreux lotissements sont créés à Besançon.
De 1922 à 1925, afin d’y construire des habitations à bon marché, la ville de Besançon engagea de difficiles négociations avec l’autorité militaire pour l’abandon d’une parcelle du polygone. En 1926, la municipalité n’a toujours pas gain de cause [3]. D’où l’emplacement des cités Jean Jaurès et Rosemont (voir carte ci-dessous).
Séparé du centre-ville par le polygone, le quartier de Saint-Ferjeux connait dans les années 20 une croissance modérée. Or, ce quartier offre un cadre particulièrement favorable pour le développement de quartiers neufs et le polygone n’est plus un obstacle pour les raisons que nous avons dites (transports individuels).
La cité-jardin Jean-Jaurès, construite de 1925 à 1931, comprend 86 logements, boutiques, écoles et bains-douches. La cité Rosemont, inaugurée en 1939, compte 200 logements, répartis en maisons individuelles destinées à la vente ou à la location, ainsi qu’en 7 immeubles de 12 logements chacun [4].
Cependant, bon nombre des petites maisons individuelles ou mitoyennes, construites à Saint-Ferjeux et Rosemont au cours de cette période, étaient livrées sans chauffage central et avec les w.c. pour seuls sanitaires.
La population de Saint-Ferjeux gonflera brutalement, à tel point que le quartier gagnera 75 % d’électeurs en plus au cours de cette période [5]. Mais au total, à la fin des années 30, c’est vers le nord et le nord-est que l’expansion sera la plus importante.
Notes :
1. M. CHEVALIER et J.-J. SCHERRER, Documents sur le développement urbain de Besançon entre 1840 et 1940, Annales littéraires de l’Université de Besançon, 1957, p. 5.
2. C. FOHLEN (sous la direction de), Histoire de Besançon de la conquête française à nos jours, Cêtre, 1964, rééd. 1982, p. 429.
3. Archives départementales du Doubs, 2 R 3.
4. M. CHEVALIER et J.-J. SCHERRER, op. cit., p. 16.
5. C. FOHLEN, op. cit., p. 432.