Yvonne METE-NGUEMEU et son livre sur les femmes de Centrafrique
Originaire de la République Centrafricaine, Yvonne Mété-Nguemeu part en France en 1979, juste après la chute du régime de l’Empereur Bokassa. Elle vient d’obtenir un bac B et grâce à une bourse de son pays, elle va entreprendre des études universitaires. Après une spécialisation en agro-alimentaire, elle fait un séjour en Centrafrique de fin 1989 à 1992, année de son retour en France avec ses enfants. Elle y vit depuis lors à Besançon, sa ville d’adoption, où elle crée en 2001 l’association Centrafrique Sans Frontières.
Ce livre est un témoignage sur la condition des femmes en République centrafricaine. Sur près d’un demi-siècle, en passant par l’indépendance de son pays le 13 août 1960, Yvonne Mété-Nguemeu fait ici le bilan de toute une génération de femmes.
L’auteur nous raconte une histoire qui a pour point de départ son enfance à Sibut, un village situé à moins de 200 km de la capitale Bangui, pendant les dernières années de la colonisation française. Sa vie en famille est alors conditionnée par le statut privilégié qui lui a été accordé à la naissance par son père et qui est la source de bien des conflits avec sa mère et ses sœurs. Elle évoque aussi la vie du village, avec ses personnages truculents, où plane toutefois pour les petites filles la menace de l’excision. Cela est écrit avec réalisme et humour sans que jamais l’auteur se donne le beau rôle, bien au contraire.
Mais viennent les années difficiles, en particulier celles du régime du dictateur Jean-Bedel Bokassa. De pittoresque et drôle, le propos d’Yvonne Mété-Nguemeu devient violent et tragique. Cela commence par un épisode douloureux, la première manifestation de la jeunesse centrafricaine contre le régime, qui se termina dans un bain de sang. Puis un départ précipité pour la France et le retour en Centrafrique où les coups du destin la mèneront à partager le sort des femmes de son pays. Ce sera alors une prise de conscience qui la fera sortir de sa propre histoire. C’est dorénavant à ces « Âmes vaillantes au cœur brisé » qu’elle consacre toute son énergie.