Lettre du 8 septembre 1944
Vincennes, le 8 Septembre 1944
Chère Maman, Cher Papa,
Je profite du départ d’un camarade pour Villemomble pour vous faire parvenir de mes nouvelles. Elles sont très bonnes. Nous attendons notre affectation dans une division montante en ligne soit FFI soit Leclerc. Nous sommes casernés au Vieux Fort de Vincennes pour l’instant. Tous les camarades de la région viennent petit à petit nous rejoindre ; lundi nous serons tous réunis. La nourriture est assez bonne. Ce midi nous mangeons au mess des S/offs et les soir au mess des Offs. Le commandant vient nous voir de temps en temps ainsi que Mr Quenot et le capitaine Garrotin. Je pense aller vous voir dimanche, s’il n’y a pas d’ordres contraires d’ici là. Ce casernement ne permettant pas de nous loger confortablement nous couchons en ville. Je dors dans une chambre avec un autre lieutenant de Villemomble. Nous payons chacun 22,50 F par jour. Pourriez-vous me faire parvenir par l’entremise du soldat qui vous portera ce mot mon équipement kaki – ma paire de souliers montants noirs – une brosse à souliers – du cirage noir – ma chemisette kaki – un pull-over – et de l’argent si possible car nous ne toucherons notre paye que lorsque nous serons affectés dans une division régulière. Enfin nous ne nous plaignons pas car nous ne sommes pas si malheureux et nous espérons tous partir bientôt car nous nous ennuyons de temps en temps.
Je vous quitte aujourd’hui car j’ai du travail étant officier de jour. Je vous embrasse bien fort en vous disant à dimanche.
Ne vous faites pas de souci à mon sujet. Ici tout va bien et j’espère qu’il en est de même pour vous.
A dimanche
Votre fils qui pense à vous
Serge
P.S. Si vous pouviez me trouver une lampe électrique et une pile, cela me ferait grand plaisir car nous manquons de lumière, les Allemands ayant détruit les installations électriques