Lettre du 3 juin 1945
Très chers parents, très chère sœur.
Voici la première lettre écrite du Grand Reich allemand, tombé en décadence et maintenant occupé à son tour. Nous sommes dans une petite ville située quelque part dans le pays de Bade à l’Est de Strasbourg. La ville est très coquette et n’a pas du tout souffert de la guerre. Le temps y est magnifique et les habitants serviles et plats. Ils ont beaucoup changé et leur morgue prussienne a totalement disparu. Ils ne sont en aucun cas hitlériens et renient leur Dieu Hitler du premier au dernier. Même les nazis de la première heure, ceux qui font partie du parti nazi depuis 1933, et qui pour leur service, furent nommés chef du parti dans les différentes agglomérations affectent ne plus connaître Hitler et soulèvent leur coiffure au passage du moindre 2ème classe. Ils se dénoncent entre eux et se chargent les uns les autres.
[…]
J’allais oublier de vous dire le principal : je ne suis plus dans le train-auto, mais dans l’infanterie. Ma mutation était arrivée quelques jours avant notre mouvement.
Je vous quitte en vous embrassant tous bien fort et en espérant que cette lettre vous trouvera en excellente santé.
Votre fils Serge