Lettre du 25 septembre 1945
Mulhouse, le 25 septembre 1945
Mes très chers parents, très chère sœur
Cette lettre se sera peut-être un peu fait attendre, mais la raison en est fort simple : je n’avais pas grand-chose à vous dire.
En ce qui concerne ma solde : je l’ai enfin touchée. Pour ce qui est de ma demande de mutation : aucune nouvelle jusqu’à présent.
Quoiqu’il en soit, nous avons reçu hier la visite du Cd Poupart, Commissaire Principal de Paris-Est et de son adjoint. J’ai été étonné de remarque[r] que cet adjoint était un ancien résistant du même groupe que le mien et nous avions fait connaissance au vieux fort de Vincennes. Ce Capitaine m’a conseillé de formuler une demande au Ministre, pour être intégré dans les cadres de l’armée d’active. Etant sous-lieutenant, j’aurais de fortes chances [d’]aboutir. Donc, je me procure[rai] en Mairie de Mulhouse un extrait d’acte de naissance, je monterai à Paris prochainement chercher un certificat de résistance et j’enverrai cette demande à Paris (à la Commission Régionale Est) où ce même capitaine incitera le Cd Poupard à y mettre une appréciation très élogieuse destinée à faire réussir cette demande. Après tout l’armée serait une situation d’avenir ; je demande sans cesse des renseignements sur les débouchés dans la vie civile et Dieu sait s’ils sont rares aujourd’hui.
A part cela tout va très bien. Le temps est gris, il pleut sans arrêt et un petit vent glacial nous force à endosser notre capote.
Que devient Yvette ? La rentrée n’est pas éloignée et j’ai tout lieu d’espérer qu’elle y mettra du sien pour arriver à un bon résultat.
Est-ce que vous avez reçu une réponse de cette citation. J’en doute, mais enfin en ce qui concerne cette chose là, je serai patient comme pour le reste.
Comme je le disais plus haut, il se pourrait que d’ici quelques jours je prenne 48 heures pour monter à Paris vous rendre visite et régler quelques histoires (demande d’intégration dans l’active).
Je n’ai plus grand-chose à vous dire. Je terminerai en espérant que cette courte lettre vous trouvera en excellente santé. Je vous embrasse tous bien fort.
Serge