Lettre du 12 juillet 1945

450712SP 50161 le 12 Juillet 1945

Très chers parents, très chère sœur,

Il y a bien longtemps que vous n’avez pas eu de mes nouvelles, mais ne m’en tenez pas rigueur. Si je n’ai pu le faire, c’est en raison d’un mouvement fait par mon unité ces jours derniers, en raison de l’établissement des zones d’occupation en Allemagne. Mon unité se trouve quelque part dans les environs de la Meuse, dans une petite ville épargnée par la guerre. Nous y sommes très bien. La région est très différente de celle que nous occupions auparavant, en tant que richesses agricoles et mentalité individuelle de la population. […]

Et vous que devenez-vous à Villemomble ? Est-il vrai que le ravitaillement est toujours aussi restreint à Paris. L’on se demande vraiment ce que fait le ministère du ravitaillement. Que sera l’hiver si cela continue ainsi ? Que devient Yvette ? J’espère avoir souvent de ses nouvelles, si bien entendu elle désire m’écrire. La période de ses examens doit être proche. J’espère qu’elle y mettra du sien pour donner satisfaction à ses parents. […]

A part cela qu’y a-t-il de neuf à Paris. Les parisiens sont-ils toujours aussi badauds et les parisiennes nous fêtent-elles toujours autant ? Autant de questions que je me pose à quelques 250 kms de la frontière de la France. Satisfaites ma curiosité: parce que lorsqu’on se trouve en pays étranger on est avide de savoir ce qu’il se passe dans son pays, surtout dans cette période suivant immédiatement la guerre.

Dans la zone dans laquelle nous nous trouvons en ce moment était auparavant occupée par les américains. Au moment de leur départ ils ont été très chics avec nous et ne savaient pas quoi faire pour nous faire plaisir.

[…] A la prochaine lettre. Je vous embrasse tous bien fort.

Serge

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